Interview avec Julie Toussaint – Historienne de l’art et spécialiste de la provenance

Grégoire Leplat
October 7, 2025
2 min

Julie, pourriez-vous vous présenter et expliquer en quoi consiste votre métier au quotidien ?

Je m’appelle Julie Toussaint. Je suis historienne de l’art et archéologue de formation, et je me suis spécialisée récemment dans la recherche de provenance des œuvres d’art.Concrètement, j’étudie les œuvres liées aux spoliations de la Seconde Guerre mondiale ou au trafic illicite, qui réapparaissent parfois sur le marché alors qu’elles ne devraient pas s’y trouver.

Mon quotidien se partage entre les archives et les foires, où je discute avec les différents acteurs du marché pour retracer l’histoire des œuvres. Mon rôle est de déterminer si elles doivent rejoindre une collection privée, être remises sur le marché, ou encore intégrer une collection muséale.

Si vous deviez partir en voyage et n’emporter qu’un seul objet, lequel choisiriez-vous, et pourquoi ?

Nous sommes en 2025, et même si je n’aime pas l’avouer, je pense que je prendrais mon téléphone. Il me permet de prendre des photos, de communiquer avec mes proches et de rester en contact si besoin.C’est fou de se dire qu’aujourd’hui, sans téléphone, on se sent presque amputé d’une partie de soi. Pourtant, les plus beaux voyages que j’ai faits étaient justement ceux où je n’en avais pas. C’est paradoxal… Mais si je devais être seule, ce lien avec ceux que j’aime serait indispensable.

Et si le téléphone ne comptait pas ?

Alors j’emporterais mon vieil appareil photo argentique, un Olympus S66. J’aime l’idée de photographier sur pellicule : la vraie surprise n’arrive qu’au développement, quand on découvre des détails ou des instants qu’on avait oubliés. Finalement, tout tourne autour de ça pour moi : garder une trace, préserver la mémoire.

Et vous, comment conservez-vous la mémoire de vos objets personnels ?

C’est assez ironique : depuis des années, je conseille mes clients sur l’importance de tenir un inventaire… mais je ne l’avais jamais fait pour moi !Dans mon métier, je traite des centaines d’inventaires. Mais pour mes propres objets, je me suis contentée de ma mémoire et de quelques papiers épars. Rien de structuré, rien de vraiment complet.Jusqu’à Objectory, je n’avais jamais pris le temps de rassembler toutes ces informations dans un outil.

Comment évaluez-vous la valeur d’un objet ?

Le conseil que j’ai toujours donné à mes clients est simple : n’achetez pas dans l’idée de faire un investissement, mais par coup de cœur. Chaque fois qu’un client achetait en pensant faire une “bonne affaire”, il finissait par le regretter. Sa collection n’avait pas de sens émotionnel, et souvent elle reflétait de mauvaises décisions.Pour moi, le critère essentiel reste l’attachement personnel. Si on veut investir pour gagner de l’argent, il existe d’autres options – le vin, les spiritueux, par exemple – mais l’art n’est pas le terrain le plus sûr.

Évidemment, on pourrait développer des cas particuliers, comme l’orfèvrerie ou certains segments très précis. Mais globalement, je défends toujours l’idée d’acheter avec le cœur.

Quel conseil donneriez-vous aux particuliers qui souhaitent gérer leur patrimoine, en particulier leurs objets ?

Un seul mot : la provenance. Sans provenance claire, il y a un vrai problème. Elle garantit non seulement la légitimité d’une pièce sur le marché, mais aussi son authenticité.Dans certains domaines, comme l’art africain ou asiatique, le nombre de faux est considérable. Mais cela vaut aussi pour l’art européen. Par exemple, tout tableau créé avant 1933 doit être vérifié : a-t-il eu une histoire troublée pendant la Seconde Guerre mondiale ? C’est essentiel avant tout achat.

Vous avez testé Objectory. Quelles sont vos impressions ?

L’application est très intuitive et agréable à utiliser. J’aime le fait d’avoir ma collection à portée de main, directement sur mon téléphone. C’est simple d’ajouter une œuvre : une photo, quelques informations, et hop, elle apparaît dans le tableau de bord. Ce dernier donne une vision globale et motivante de sa collection : pourcentages par type d’objets, nombre de pièces… C’est presque addictif !

J’ai beaucoup apprécié la possibilité d’exporter les données. J'ai rencontré une fois un bug lors d'un export mais c'est un prototype donc je suppose que ça fait partie de l'aventure. Mais à part ça, c’est un outil unique sur le marché, que je trouve à fort potentiel. Continuez à développer Objectory : c’est une belle idée, et je crois vraiment en son avenir.

Grégoire Leplat

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